FLAMMES ACTUS

Les Flammes déplorent le départ d'Esmery Martinez

Dans une saison où tout semble aller pour le mieux, Romuald Yernaux et son staff vont devoir faire face à un coup dur. En effet, l'internationale Dominicaine, Esmery Martinez, a activé sa clause de sortie pour rejoindre la franchise WNBA des New York Liberty.

Une décision qui contraste avec la fidélité exemplaire de sa capitaine, Amel Bouderra, célébrée il y a quelques jours à l'issue de la victoire face à Angers. C'est d'ailleurs une rencontre qui sera la dernière jouée par Esmery Martinez sous le maillot carolo. Le résultat, à la fois, d'un calendrier français trop long mais aussi de l'agressivité d'une ligue américaine en pleine expansion, que les clubs européens et plus particulièrement français, vont devoir subir dans les prochaines semaines et surtout prochaines saisons. Une prise de conscience, de la part de tous les acteurs du basket féminin français, est appelée vivement par le DG du club.

R.Y: "Nous nous serions bien passés de cette décision, surtout à ce moment de la saison où d'importantes échéances arrivent. Nous savions qu'il y avait un risque car Esmery a été draftée la saison dernière. Une blessure dans l'effectif de New York a probablement accéléré les choses. On nous a informés, il y a quelques jours, que nous devions la libérer pour le training camp. C'est une décision brutale pour le groupe et sur laquelle nous sommes impuissants. J'alerte depuis longtemps sur le raz de marée que les clubs français vont subir et nous en voyons les premiers effets".

Prévenu sur le tard, dans des délais qui imposent de subir plutôt que d'agir, Romuald Yernaux déplore une situation délicate.

R.Y: "Nous prenons cette décision avec beaucoup d'amertume car c'est une joueuse qui est arrivée en retard et sur laquelle nous avons été patients. Même si au départ, tout n'a pas été simple pour elle, je lui ai fait confiance en l'intégrant dans le starting five. Nous lui avons donné beaucoup de choses et d'opportunités et au final lorsque nous arrivons sur les échéances les plus importantes, la joueuse s'en va pour des intérêts qui lui sont propres à elle et à son agent".

C'est donc amputée d'une joueuse importante que les Flammes vont devoir aborder les Playoffs et la finale de la Coupe de France. Une mauvaise nouvelle qui peut malgré tout être atténuée par le retour à la compétition d'Oderah Chidom après plusieurs mois d'indisponibilité.

R.Y: "La nature a horreur du vide. Une joueuse part et une autre réintégre le groupe. Nous allons nous conditionner pour préparer au mieux ce mois d'avril, en commençant dès ce week-end face à Lyon. Cela va nous permettre de voir les problèmes que nous allons rencontré sans Esmery et ce que nous allons récupérer avec Oderah. Ce qui va nous obliger, sur les trois dernières semaines, à faire travailler l'équipe dans le schéma qui va être le nôtre dorénavant. Nous n'avons pas le temps d'être abattus et déçus. Il faut vite trouver des solutions et avoir une stratégie pour combler au mieux ce départ. Il va falloir s'appuyer sur celles qui sont prêtes à aller en mission. Nous allons nous battre avec nos forces. J'ai une entière confiance en mon groupe. Il va falloir faire preuve d'adaptation avec un effectif réduit ".

L'annonce tardive d'Esmery Martinez et de son agent ne permet pas au staff des Flammes d'effectuer tout renfort. Une situation délicate que l'ensemble du club déplore.
C'est donc avec l'équipe actuelle et les retours conjugués d'Oderah Chidom et d'Ornella Bankolé, que les Ardennaises vont aborder ces semaines décisives.

L'exode des joueuses françaises
Aujourd'hui, nombreuses sont les joueuses à tenter leur chance hors de l'hexagone. Une tendance qui semble s'accélérer et qui trouve son explication dans plusieurs pistes de réflexion selon Romuald Yernaux.

R.Y: "Nous sommes frappés par deux choses. Le départ des joueuses françaises vers l'étrangers et aussi vers la WNBA. Une réponse à un championnat domestique qui ne répond plus forcément aux attentes des joueuses professionnelles. Nous avons en même temps, des difficultés à attirer des joueuses étrangères pour des raisons diverses et variées. Notamment le taux d'imposition qui constitue un réel frein et la durée trop longue du championnat qui se chevauche avec la WNBA. Une joueuse française ou étrangère qui voudrait vivre l'expérience d'un double projet se retrouve confrontée à des choix contraignants comme c'est le cas pour Esmery Martinez. Au final, il est difficile d'incriminer la joueuse qui n'est qu'une boule de flipper entre un club, une franchise WNBA et ses agents. Si les calendriers du championnat de France étaient mieux harmonisés, les joueuses pourraient vivre leur saison sans se poser de questions et transiter ensuite vers la WNBA si cela fait partie de leurs objectifs".

(Marine Johannès sous le maillot du New York Liberty)

Une prise de conscience à avoir et des choix forts à faire
Face à cette situation, qu'il voit venir depuis un bon moment, l'homme fort des Flammes appelle, de tous ses vœux, les décideurs du basket français à se réunir afin d'agir plus que de subir pour changer la donne.

R.Y: "Il y a urgence et je pense qu'il va être nécessaire qu'une table ronde soit organisée. Nous avons de vrais atouts, que ce soit dans les clubs ou dans la Ligue. Nous ne pouvons pas tout changer mais il y a nécessité à ce que les dirigeants se réunissent pour évoquer l'avenir et les stratégies qui pourraient en découler. L'exercice qui est face à nous est un exercice, à la fois de lucidité et de prise de conscience. Avec toutes les qualités que nous avons en France, il faut trouver comment nous pouvons réussir, tous ensemble (Fédération, clubs, ligue) à réinventer le modèle sportif et économique de notre championnat afin de le rendre plus attractif pour les joueuses. Nous avons tout pour être la parfaite antichambre de la WNBA.  Nous avons un championnat qui peut être utile pour le développement d'une certaine catégorie de joueuses qui pourraient aller en WNBA par la suite. Aujourd'hui les sportives sont clairement attirées par le championnat américain qui est en plein explosion. L'exode va continuer et si nous ne comptons que sur le retour des joueuses françaises de l'étrangers, cela ne va pas dynamiser notre championnat et encore moins le développer. Nous allons laisser nos compétences partir à l'étrangers jusqu'au jour où cela touchera l'équipe nationale. Je pense que nous aurons des joueuses qui  prioriseront la WNBA pendant tout l'été au détriment de l'équipe de France. Tout le monde est touché et concerné, à court ou moyen terme et aujourd'hui il faut prendre le bon wagon au risque de se mettre en difficulté. Nous avons toujours été le meilleur championnat d'Europe et nous avons tout pour le rester mais il ne faut pas se reposer trop longtemps sur les acquis. Il faut vraiment que nous travaillions tous ensemble pour essayer, non pas de stopper, mais avoir une réflexion qui soit constructive et stratégique pour pouvoir s'associer à la WNBA plutôt que de s'y opposer, notamment par le caractère trop long de notre calendrier".

Une WNBA en pleine expansion 
Désireuse de mettre un plan de développement ambitieux en place, la ligue américaine va passer son nombre de franchises de 12 à 16 d'ici 2026. Une puissance de frappe à laquelle les clubs français ne pourront résister sans réelle prise de conscience et de décisions adaptées.

R.Y: "Ce qui est entrain de se passer n'est que le début et c'est inquiétant. Comme je l'ai dit, la plupart des joueuses vont privilégier la WNBA aux championnats européens voire aux équipes nationales. Face à l'attractivité de la ligue américaine, aux salaires proposés et à la durée de cette compétition, nous ne pèserons pas lourd". 

A ce jour, trois nouvelles équipes ont été créées outre atlantique. Cela fait partie d'un plan d'agrandissement sans précédent.
En plus des propriétaires, les différentes candidatures sont poussées par des personnalités du sport US.
Vu l’énorme demande, il ne fait aucun doute que la WNBA va continuer de s’agrandir dans les années futures. 

Esmery Martinez:
17 matchs de championnats: 8,2 points - 6,9 rebonds - 12,2 d'éval